Editorial

La trentième édition du festival Musiques Vivantes est une nouvelle promesse de retrouvaille dans le plaisir de la musique, le tourbillon des danses et le partage passionné. L’événement doit une part de sa longévité aux idées qui, depuis toujours, sous-tendent sa démarche. Si la diversité culturelle, déclarée « patrimoine commun de l’humanité » par l’Unesco, est une réalité de longue date à l’affiche du festival, aujourd’hui l’idée de « musique équitable » y occupe une place centrale.

Toujours plus riche, le programme 2005 invite les meilleurs «cadenceurs» de répertoires européens : Bretagne, Vendée, Centre France, Occitanie, Scandinavie, Roumanie, Grèce, sans oublier l’Irlande avec, en must des parquets de Bal, la famille McEvoy.

Le Duo Khatylaevy, Iakoutes de Sibérie, scande les mots de l’épopée, module à la guimbarde la langue des oiseaux, frappe la peau de renne du tambour chamanique. Alors, de la taïga immense, surgit l’esprit de l’animal totem.
Bob Bourdon, alias « Seven Crows », a hérité de ses ancêtres amérindiens les chants secrets, contes et danses des esprits de la terre. Une magie qui nous enchante, petits ou grands.
La musique des esprits revêt bien d’autres formes. Rite de guérison, elle prend le nom de Zâr au Sud de l’Iran, accompagnant la transe de possession. L’Ensemble Zâr Shanbehzadeh propose une version scénique de ce rituel commun au Yémen, à l’Éthiopie et à l’Egypte.
Joué à l’arc en bouche, le bwiti des Gabonais Mallendi et Kevin Mathelin Mabunza puise au savoir thérapeutique des Pygmées, grands connaisseurs des vibrations de la forêt, fabuleux réservoir de biodiversité.
Musique et guérison sont liées à d’autres répertoires. Celui des Bnet Marrakech, femmes berbères du Maroc, dont les danses enjouées et graciles enivrent comme leurs voix et rythmes obsédants. Celui de Dizu Plaatjies, chanteur zoulou multi-instrumentiste et multi-talentueux, dont le père, un tradipraticien, exerçait dans les townships du Cap.
Si Divana, ensemble flamboyant de troubadours itinérants du Rajasthan, ne prétend pas guérir, sa musique autrefois destinée aux Princes révèle un art social d’un raffinement qui tranche avec nos habitudes.

Chacune de ces musiques venues du bout du monde dévoile une dimension nouvelle de l’arbre de la connaissance. Au festival Musiques Vivantes, ses fruits vous sont offerts à croquer, à savourer, dans le plaisir d’une journée de printemps.

Francois Bensignor

Responsable du CIMT à l’IRMA